Notions sur le phénomène de plaque

Cet article est un résumé de la présentation faite par François Sivardière pour l'ANENA lors de la journée de formations aux avalanches à Grenoble le 16 décembre 2006.

Les plaques à vent (c'est-à-dire formées par le vent) ne sont qu'un cas particulier de plaque. Des plaques peuvent aussi se former en l'absence de vent. En effet le poids de la neige engendre une cohésion de frittage. De moindre ampleur certes que celle due au vent, mais qui permet la formation de plaques secondaires souvent plus difficiles à détecter.

90 % des accidents d'avalanches sont dus à une plaque déclenchée par le skieur lui même. Ces plaques peuvent êtres de type plaque dure ou friable. La plaque friable a une consistance qui ne laisse pas présager de danger. De plus la plaque, peut être recouverte par de la poudreuse. Oubliez le vieil adage, une plaque c'est dur on l'entend car elle sonne creux lorsque l'on passe dessus. La plus grande connue à ce jour avait une longueur de 7 Km.

Afin de mieux comprendre le phénomène de plaque voici un modèle proposé par Alain Duclos ( www.alea-avalanche.com ) et François Louchet

La plaque est une couche de neige qui a pris une certaine cohésion par frittage. Elle est modélisée par des blocs reliés entre eux par des ressorts. Cette plaque repose sur une couche fragile constituée de Gobelets et de grains à face planes.

Modèle d' Alain Duclos et François Louchet

 

Lors du passage d'un skieur la plaque va écrouler la couche fragile.

Modèle d' Alain Duclos et François Louchet

 

Lorsque la taille de la plaque écroulée est suffisamment grande, le ressort du haut lâche et la plaque se met en mouvement.

Modèle d' Alain Duclos et François Louchet

 

Si l'on représente une plaque épaisse à l'aide de ce modèle, on s'apperçoit que la surcharge engendrée par le skieur sera mieux répartie sur la couche fragile. Permettant ainsi à la couche fragile de mieux résister à l'écroulement.

Modèle d' Alain Duclos et François Louchet

 

Si l'on compare deux plaques d'épaisseurs différentes à l'aide de ce modèle on en déduit ceci :

Une plaque friable épaisse sera plus difficile à déclencher mais de plus grande ampleur.

Une plaque friable mince sera plus facile à déclencher, mais sera de moindre ampleur. Encore que dans le cas d'un skieur on ne peut pas parler de moindre ampleur, comme on pourrait le faire pour des habitations.

Toujours sur ce même principe on peut dire que le danger de déclenchement peut être plus élevé là ou l'épaisseur est la plus fine. Par exemple après avoir évité soigneusement l'accumulation de neige à l'entrée d'une combe.

Ce modèle permet aussi de comprendre que, dans le cas où il y a une plaque, la trace dessiné en rouge ci-dessous n'est pas favorable.

En effet dans le cas de la trace rouge si il y a une plaque elle a été effondrée des deux cotés. Le skieur écroule la partie centrale, et rend une masse conséquente de neige mobilisable. Sous cet aspect la trace verte est plus sure. Bien sur il ne faut pas oublier que les déclenchement d'avalanches répondent à des phénomènes multifactoriels. Le choix de la trace verte devra donc prendre en compte tous les autres paramètres de choix de trace (exposition, pente, rupture de pente, exposition au vent, exposition de la pente sous jacente, accumulations, points d'accroches périphériques, affaissement du manteau neigeux etc ...) Ce modèle permet en outre de donner un élément de réponse au fait que parfois une avalanche se déclenche au passage du n ième skieur sans que l'on sache pourquoi les autres ont pu passer sans problèmes. Bien sur il y a d'autres éléments qui expliquent ce phénomène comme la prise de cohésion de la couche par le damage des autres skieurs ou bien par la montée des températures.

Pour en savoir plus consultez le site de l'ANENA qui est une référence dans le domaine des avalanches. Vous pouvez également vous renseigner auprès du club alpin français ou de la FFME pour des stages de terrain.

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